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Lorenzo Da Ponte - Le Don Juan de Mozart
C'est à partir de 1786 qu'il compose des livrets pour les opéras de Mozart : Les Noces de Figaro en 1786, puis Don Juan en 1787 et Cosi Fan Tutte en 1790.Da Ponte raconte l'écriture du livret de Don Juan
« Je m'asseyais devant ma table de travail vers l'heure de minuit : une bouteille d'excellent vin de Tokay était à ma droite, mon écritoire devant moi, une tabatière pleine de tabac de Séville à ma gauche.
En ce temps-là, une jeune et belle personne de seize ans, que je n'aurais voulu aimer que comme un père, habitait avec sa mère dans ma maison.
Elle entrait dans ma chambre pour les petits services de l'intérieur, chaque fois que je sonnais pour demander quelque chose ; j'abusais un peu de la sonnette, surtout quand je sentais ma verve tarir ou se refroidir.
Cette charmante personne m'apportait alors, tantôt un biscuit, tantôt une tasse de café, tantôt seulement son beau visage toujours gai, toujours souriant, fait exprès pour rasséréner l'esprit fatigué et pour ranimer l'inspiration poétique.
Je m'assujettis ainsi à travailler douze heures de suite...
Lorenzo da Ponte
Casanova a écrit une partie du Don Juan de Mozart !
À partir de juillet, Casanova fait de fréquents séjours à Prague pour surveiller l'impression de l'Histoire de sa fuite des plombs de Venise et pour préparer celle de l'Icosameron.En septembre, arrivent Mozart et Da Ponte pour travailler Don Juan.
Ils logent dans des auberges si proches, qu'ils peuvent se parler depuis leur fenêtre de chambre…
Mais Da Ponte est rappelé à Vienne par Salieri qui avait besoin d'aide pour le livret d'Axur Roi d'Ormuz.
À ce moment, le livret de Don Juan n'est pas tout à fait au point et Mozart n'en a pas encore écrit l'ouverture.
Da Ponte part donc à Vienne et Mozart emménage chez des amis, le couple Duschek, qui l'enfermeront dans sa chambre pour qu'il compose enfin l'ouverture de Don Juan.
Casanova est reçu chez les Duschek, où il raconte son évasion des prisons vénitiennes à Mozart.
Alors que Da Ponte est absent, Casanova intervient dans la mise au point du livret en s'aidant de ses connaissances en matière de représentation théâtrale, et en s'inspirant de ses expériences personnelles…
Deux feuillets conservés dans les archives de château de Dux attestent que Casanova a apporté deux modifications à la scène 9 du deuxième acte du livret de Don Juan.
Leporello revu par... Casanova
Pour chacune des modifications que Casanova a effectuées, il s'agit de variantes concernant le personnage de Leporello.La plume de Casanova intervient au moment où Leporello est démasqué dans le costume de Don Juan.
Dans la première modification casanovienne, l'air du second acte où le valet implore pitié lorsqu'il est capturé dans les habits de don Giovanni est remplacé par ce très vif quintette :
« LEPORELLO: - Incertain, confus, découvert, trompé, je ne sais pas me défendre. Je vous demanderai pardon.
DONNA ELVIRA, OTTAVIO, MASETTO, ZERLINA: - Te pardonner? Impossible !
LEPORELLO: De vous seuls dépend mon fatal destin. De vous mon cœur palpitant attend la grâce.
ZERLINA : Je vais te manger les tripes.
MASETTO :Je vais te dévorer l'âme.
OTTAVIO: Pendu à un gibet.
ELVIRA : Tu feras moins le fier.
Tous les Quatre : Traître infâme !
LEPORELLO : De vous seuls dépend mon fatal destin. De vous mon cœur palpitant attend la grâce.
TOUS LES QUATRE: À la potence ! (trois fois)
LEPORELLO : Hélas ! Quelle vilaine mort !
Tous les Quatre : En prison ! (trois fois)
LEPORELLO: Rame, frappe, vie austère !
Tous les Quatre : Va balayer la place !
LEPORELLO : Je suis d'illustre race !
Tous les Quatre : Alors il ira tirer les barques !
LEPORELLO: Non, messeigneurs, par charité !
Tous les Quatre : Que devons-nous donc faire du perfide imposteur ?
LEPORELLO : De vous seuls dépend mon fatal destin. De vous mon cœur palpitant attend la grâce. »
Lorenzo da Ponte - Livret de Don Juan de Mozart, corrigé par Giacomo Casanova
“ Je suis d'illustre race ! ”
Cette phrase du livret serait en fait une projection de la personnalité de Casanova qui selon certaines sources aurait été le fils naturel d'un certain Grimani, un noble vénitien propriétaire du théâtre où sa mère était comédienne.La personnalité de Casanova se reflète également dans la seconde variante de sa réécriture du livret, au moment où Leporello rejette sur les femmes la responsabilité des fautes de Don Juan :
« LEPORELLO : Don Giovanni, et lui seul, m'a contraint à me déguiser.
De tous ces malheurs il est l'unique raison.
Je mérite le pardon. Je ne suis pas coupable.
Toute la faute incombe à ce sexe féminin qui lui fascine l'âme et lui enchaîne le cœur.
Ô sexe séducteur ! Ô source de douleur !
Laissez aller en paix un pauvre innocent. Je ne suis pas rebelle. Je ne saurais vous offenser et je vous le prouverai.
C'est lui qui s'est dévêtu et a pris mes habits pour rosser Masetto.
Avec Madame Elvira je n'ai fait que mon devoir, car tel fut son vouloir. Ce que je vous dis est vrai.
Don Juan, et lui seul, mérite votre dédain.
J'irai punir l'indigne. Laissez-moi m'échapper. (Il s'enfuit.) »
Livret de Don Juan de Mozart par Lorenzo da Ponte et corrigé par Giacomo Casanova
Leporello, le “double” de Don Juan, sa version plébéienne et raisonnable, accusé à la fois d'imposture et de complicité avec son maître explique ses méfaits par sa soumission à une double autorité.
Il pourrait ici exprimer le jugement de Casanova qui mesure sa propre conduite à l'aune de la raison et de la morale, tout en trouvant des excuses du côté de la Nature : ce sexe féminin qui fascine l'âme (elle ne peut donc plus regarder ailleurs) et enchaîne le cœur…
Bref, l'homme n'est que le serviteur de Dame Nature. La force du désir défie toutes les lois.
L'influence du libertin vénitien ne s'est peut être pas limitée à des variantes de quelques scènes.
N'oublions pas les longues conversations à Vienne où Casanova et Da ponte ont pu échanger leurs idées et leurs expériences de séducteurs.
La Première de Don Juan en présence de Casanova
La Première du Don Juan de Mozart est donnée à Prague le 29 Ocbobre 1787 :« La poésie est de l'abbé Da Ponte poète/des Théâtres impériaux de Vienne/La musique est de M. Wolfgang Mozart, Maître de chap. allemand. »
Casanova, le Don Juan Vénitien, assiste à la représentation. Ses conversations avec Da Ponte et sa participation à l'élaboration du livret ont certainement dû nourrir sa réflexion lors de la rédaction de “l'Histoire de ma Vie”.
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