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La Regata Storica vue par Jules Lecomte en 1844 (suite)
« Autrefois les femmes de l'Ile de Palestrina (environ 6 lieues de Venise), près Chioggia) concouraient aussi au prix de la Regata ; mais leur participation à ces joutes n'a pas suivi le XVIIIe siècle.
L'étendue des courses était d'environ trois milles, ou une lieue, commençant à l'extrémité orientale de la ville, près du jardin public actuel.
Elle se prolongeait tout le long de la Riva, du grand canal, et tournant un poteau ou paletto, planté dans l'eau à Cannaregio ; elle revenait par le même grand canal jusqu'au palais Foscari, où les premiers arrivés gagnaient les prix dans l'ordre de leur vélocité.
Ces prix se distribuaient par les mains des autorités, sur une estrade élégamment construite entre les Palais Balbi et Foscari.
Les récompenses consistaient eu bourses contenant diverses sommes, pendues à des bannières de soie.
Le premier prix obtenait la rouge, c'est-à-dire la plus honorable, puisqu'elle était de la couleur de l'étendard de Saint-Marc.
La seconde de ces bannières était bleue, la troisième verte et la dernière jaune.
C'était avec ce dernier prix qu'était remis, au lieu d'une bourse, le petit porc dont il a été parlé ailleurs, et duquel l'image était brodée sur la bannière.
L'annonce d'une Regata fit toujours une grande sensation à Venise.
Les partis se préparaient à cette joute par des exercices de rames, qui formaient comme les répétitions du spectacle promis.
Les patrons de maison, les patriciens affranchissaient de tout service ceux de leurs gens qui devaient y prendre part.
C'était, d'ailleurs, une chose de fort bon goût, que d'avoir pour gondolier un prix de Regata.
La veille du jour solennel, le jouteur recevait les encouragements de tous ses amis.
On lui montrait avec orgueil les portraits et les bannières des vainqueurs de son parti, et la nuit se passait presqu'en libations accompagnées de vœux fervents pour le succès de celui qu'on abandonnait ensuite seul à sa veillée des armes, comme autrefois l'on faisait des écuyers qui devaient chausser l'éperon de chevalier.
Au reste, on se figurera mieux de quelle importance étaient ces joutes dans l'esprit du peuple, lorsqu'on saura que le jour enfin arrivé où la lutte devait avoir lieu entre les rivaux d'élite des deux partis Castellani et Nicolotti.
Chaque candidat au prix recevait la bénédiction paternelle, embrassait solennellement femme et enfants, souvent pleurant d'émotion, et qu'un vieux gondolier, jadis vainqueur dans ces tournois, lui remettait la rame de bon bois choisi, légère et flexible, avec laquelle il devait lutter de vitesse avec ses rivaux, et tenter d'ajouter aux archives de son parti l’illustration d’un prix nouveau !
Au lieu de départ, un cordage barrait le passage à tous ces impatients jouteurs.
Au coup de canon d'usage, la corde tombait, et chaque gondole s'élançait sur la lagune, comme ces coursiers trop longtemps retenus au poteau de l’hippodrome.
Partout, sur leur passage, le peuple battait des mains ; les femmes agitaient leurs écharpes, des acclamations les saluaient comme des stimulants.
Le prix enfin gagné, la bannière était plantée sur l'avant de la gondole, et les vainqueurs paradaient comme des chevaliers heureux, le long du grand canal, aux applaudissements du peuple, au bruit des musiques militaires qui chantaient leur victoire...
Mais comme toute victoire entraîne une défaite, tout vainqueur supposait un vaincu...
Ceux-ci, pendant que leurs heureux rivaux étaient acclamés, essayaient de s'échapper du théâtre de leur défaite, en se faufilant par les petits canaux voisins.
Ce qui n'empêchait pas les huées et les sifflets de la multitude de les poursuivre jusqu'à ce qu'ils eussent disparu...
Lorsqu'en 1674, Henri III vint à Venise, il lui fut offert une splendide Regata, dont il voulut fournir les prix, ce qu'il fit avec une munificence toute royale.
L'ex-roi de Pologne, et futur roi de France, assista à la fête, des fenêtres de l'appartement qu'il occupait au palais Foscari, dans la plus belle situation du grand canal. »
Jules Lecomte - Venise 1844
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