Fêtes Vogalonga | Regata Storica | Redentore | Saint-Martin | Maries | Marathon | Salute
Redentore La Fête | Sur l'Eau | G.Sand Howells | La Biondina | Musset | La Peste
La Fête du Rédempteur, la Notte Famosissima, vue par George Sand, William Howells et Frederic Eden
Les petits marchands de gâteaux
William D. Howells, nous raconte la Fête du Redentore en 1867 :« À la Fête du Rédempteur (troisième dimanche de juillet) un pont de barques traverse le grand canal de la Giudecca, traversé jour et nuit par une foule immense.
Bien que les petits marchands de gâteaux, de pommes, poires, pêches et autres fruits, crient d'une manière intolérable derrière leurs étalages tout le long de la rive jusqu'à l'église ; malgré les vendeurs de mûres (les jardins de la Giudecca sont réputés pour leurs mûres) remplissant l'air de leur doux jargon (dont les sons aigus ressemblent aux chants d'oiseaux).
Et malgré le va-et-vient des milliers de gens qui passent sur le pont, la fête du Redentore n'est quand même plus aussi gaie qu'au temps où les Vénitiens envahissaient les jardins pour festoyer, chanter, danser et flirter toute la nuit.
Et à l'aube ils étaient à bord de leur flottille de barques, couvrant la lagune de leurs lanternes et de leur guirlandes, pour contempler le lever du soleil sur l'Adriatique. »
William D. Howells “Venetian life” - 1867
La Joie et l'Ivresse
« La fête du Rédempteur a lieu le troisième samedi et le dimanche suivant de juillet.
Le samedi, veille de la fête, tous les habitants de Venise, pauvres ou riches, passent la nuit dehors.
De la tombée de la nuit jusqu'à l'aube, les quais de la Giudecca sont envahis de visiteurs et de fêtards de tous âges.
Sur le canal de la Giudecca, des milliers de bateaux vont et viennent parés d'auvents faits de branches vertes et décorés de fleurs, de lanternes de toutes formes et couleurs, où familles et amis dînent dans la joie.
Les filles et les garçons, les femmes et les hommes semblent manger toute la nuit, et je crois que les bébés refusent les seins de leurs mères et préfèrent les boissons de leurs pères.
La raison pour laquelle les panses de tous n'éclatent pas avec tant de nourriture ingurgitée est un mystère. Ou est-ce là le miracle de l'Église du Rédempteur ?
Cependant, rien de fâcheux n'arrive malgré l'ivresse des fêtards, sans doute calmés par la musique jouée sur les péniches et ensuite par les feux d'artifice.
Avant le lever du jour, certains quittent la Giudecca en bateau pour aller au Lido pour une autre cérémonie bien spéciale.
Alors que l'aube commence à peine à se lever, nous apercevons au loin depuis notre bateau, une longue ligne sombre qui s'étend tout le long de la plage.
En nous approchant, nous découvrons que des centaines de Vénitiens et Vénitiennes sont assis sur le sable, immobiles et silencieux.
Dès que le premier rayon de soleil frappe l'eau, c'est comme un signal et la longue ligne sombre devient soudain toute rose et blanche alors que tous abandonnent leurs vêtements sur la plage et, en un instant, la mer qui juste avant était si calme et poétique se transforme en laissant place aux cris de joie et aux ébats de mille baigneurs. »
Fréderic Eden “Un jardin à Venise” - 1903
Le pont votif de la fête du Rédempteur (ou de la Sagra) construit pour la procession offrait en même temps aux Vénitiens une belle occasion de traverser le canal pour aller prendre le frais dans les jardins de l'île de la Giudecca.
On profitait ainsi de cette nuit de fête pour déguster les mûres et pour festoyer sous les tonnelles, ou pour se promener sur la rive en se ravitaillant auprès des vendeurs ambulants.
Le profane s'étant peu à peu mélangé avec le sacré au fil du temps et cette nuit de la Sagra s'est teintée de paganisme en devenant une espèce de bacchanale. Une fête de la joie de vivre.
La Nuit du Redentore ou la Notte Famosissima vue par George Sand
« L'Île de la Giudecca, dans laquelle est située l'église du Rédempteur, étant une des plus riches paroisses, offre une des plus belles fêtes.
On décore le portail d'une immense guirlande de fleurs et de fruits ; un pont de bateaux est construit sur le canal de la Giudecca, qui est presque un bras de mer en cet endroit.
Tout le quai se couvre de boutiques de pâtissiers, de tentes pour le café, et de ces cuisines de bivouac appelées frittole, où les marmitons s'agitent comme de grotesques démons, au milieu de la flamme et des tourbillons de fumée d'une graisse bouillante, dont l'âcreté doit prendre à la gorge ceux qui passent en mer à trois lieues de la côte.
Le gouvernement autrichien (qui occupait alors Venise) défend la danse en plein air, ce qui nuirait beaucoup à la gaîté de la fête chez tout autre peuple ; par bonheur, les Vénitiens ont dans le caractère un immense fonds de joie.
Leur péché capital est la gourmandise, mais une gourmandise babillarde et vive, qui n'a rien de commun avec la pesante digestion des Anglais et des Allemands ; les vins muscats de l'Istrie à six sous la bouteille procurent une ivresse expansive et facétieuse.
Toutes ces boutiques de comestibles sont ornées de feuillages, de banderoles, de ballons en papier de couleur qui servent de lanternes ; toutes les barques en sont ornées, et celles des riches sont décorées avec un goût remarquable.
Ces lanternes de papier prennent toutes les formes : ici ce sont des glands qui tombent en festons lumineux autour d'un baldaquin d'étoffes bariolées ; là ce sont des vases d'albâtre de forme antique, rangés autour d'un dais de mousseline blanche dont les rideaux transparents enveloppent les convives ; car on soupe dans ces barques, et l'on voit, à travers la gaze, briller l'argenterie et les bougies mêlées aux fleurs et aux cristaux.
Quelques jeunes gens habillés en femmes entr'ouvrent les courtines et débitent des impertinences aux passants.
À la proue s'élève une grande lanterne qui a la figure d'un trépied, d'un dragon ou d'un vase étrusque, dans laquelle un gondolier, bizarrement vêtu, jette à chaque instant une poudre qui jaillit en flammes rouges et en étincelles bleues.
Toutes ces barques, toutes ces lumières qui se réfléchissent dans l'eau, qui se pressent, et qui courent dans tous les sens le long des illuminations de la rive, sont d'un effet magique. […]
La gondole fermée du vieux noble, la barque resplendissante du banquier ou du négociant, et le bateau brut du marchand de légumes, soupent et voguent ensemble sur le canal, se heurtent, se poussent, et l'orchestre du riche se mêle aux rauques chansons du pauvre.
Quelquefois le riche fait taire ses musiciens pour s'égayer des refrains graveleux du bateau; quelquefois le bateau fait silence et suit la gondole pour écouter la musique du riche. »
George Sand “Lettres d'un voyageur” - 1834
Fête sur l'eau | La Biondina
Redentore La Fête | Sur l'Eau | G.Sand Howells | La Biondina | Musset | La Peste
Fêtes Vogalonga | Regata Storica | Redentore | Saint-Martin | Maries | Marathon | Salute
Retour en haut de la page